Malgré l'idéologie nationaliste et populiste dont ils se parent, ces figures historiques du Frelimo ont depuis longtemps troqué le battle-dress pour l'attaché-case. Devenus des capitalistes décomplexés, ils estiment même que leur rôle passé dans la lutte de libération nationale leur donne aujourd'hui le droit d'accéder à toutes les richesses du pays, par quelque moyen que ce soit. Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs démarré leurs business grâce à des prêts gouvernementaux non remboursés ou via l'appropriation des moyens de l'Etat, en toute impunité. Ayant peu d'aptitude pour devenir d'authentiques capitaines d'industrie, ils se contentent le plus souvent de monnayer leurs carnets d'adresses et leur entregent politique auprès des investisseurs étrangers.
Un temps gênés dans leurs activités lucratives par la boulimie commerciale de l'ancien président Armando Guebuza et de sa famille, ils se sont éloignés de celui-ci et ont pris fait et cause pour Nyusi à la présidentielle d'octobre 2014. Depuis lors, ils cherchent à monétiser leur soutien au chef de l'Etat en accédant à la manne des contrats miniers et gaziers. Ils n'y parviennent pas tous avec autant de succès. Mais leur modèle est clairement celui des généraux du MPLA qui ont capté les profits pétroliers et miniers en Angola. Ces méthodes d'accumulation de capitaux ne sont certes pas limitées aux seuls anciens généraux nationalistes mais ceux-ci constituent, à Luanda comme à Maputo, un noyau important de la classe dominante.
Outre ce premier cercle de généraux maconde, deux autres personnages ont des liens de proximité avec le président Nyusi : l'un, José Muaria Mateus Katupha, est originaire du nord du pays mais d'ethnie macua, tandis que l'autre, le ministre Carlos Mesquita, est un des amis d'enfance du chef de l'Etat. Et tous deux sont très impliqués dans les affaires.