Un temps soupçonné d'être impliqué dans les attentats de Madrid de 2004 et d'être proche des plus hautes sphères d'Al-Qaeda, il troque aujourd'hui son attirail de guerre pour un costume trois pièces. L'homme a un parcours tumultueux : combattant en Afghanistan dans les années 80, interrogé dans les prisons de la CIA dans les années 2000 puis enfermé dans les geôles libyennes d'Abu Salim, il négocie sa libération en 2009 auprès de Saïf al-Islam Kadhafi, le fils du "Guide", avec l'aide notamment du prédicateur des Frères musulmans Ali Sallabi. En 2011, il se rend au Qatar pour commander ensuite une unité d'élite lors de l'insurrection contre le régime en Libye, la Brigade du 17-février.
Cinq ans plus tard, le Libyen quinquagénaire entame une seconde vie. Très influent auprès du gouvernement de Tripoli et de la coalition de milices Fajr Libya, Abdelhakim Belhadj se maintient désormais à l'écart des combats pour étendre son réseau d'affaires depuis son fief de Mitiga - où il contrôle l'aéroport et ses environs - et sa base arrière située en Turquie. Ce soldat reconverti en businessman est actif dans plusieurs domaines, de la santé à l'immobilier en passant par l'aviation et les médias, au Soudan, en Tunisie, en Turquie et en Libye. Pour assurer cette ascension, il s'appuie tant politiquement qu'économiquement sur une nébuleuse d'hommes d'affaires et d'influence.
Enquête sur les réseaux d'affaires d'Abdelhakim Belhadj, de son alliance avec le prédicateur Ali Sallabi à l'appui de certaines familles libyennes comme les Abusedra et les Elaradi et jusqu'à ses puissants relais dans les pays de la région tel le Tunisien Chafik Jarraya, en passant par son rôle dans la compagnie d'aviation Libyan Wings et la chaîne de télévision Al Nabaa.