Déjà pratiquée à l'époque du président Joaquim Chissano, la captation de la rente par les élites du Frelimo (Frente de Libertação de Moçambique, gouvernemental) a pris une ampleur autrement plus importante depuis l'accession au pouvoir d'Armando Guebuza en 2005. En jeu : les formidables réserves de charbon et de gaz récemment découvertes dans le pays, qui font accourir les investisseurs étrangers et démultiplient les opportunités d'affaires. De quoi détourner l'attention des secteurs économiques traditionnels comme la pêche (crevettes, etc.) et la culture de la noix de cajou.


Cette ruée sur la nouvelle rente oppose en particulier les diverses factions au sein du Frelimo (anciens du premier cercle de Joaquim Chissano, membres de la galaxie Guebuza, généraux du Nord…). Tous ces pontes du parti gouvernemental usent de leurs relations avec le clan présidentiel pour se positionner dans les mines et décrocher des permis de recherche, principalement dans les pierres précieuses, l'or, les sables minéraux et le charbon. Bien que ne détenant pas de titres miniers - en tout cas pas en son nom -, Esperança Bias, patronne du ministère des ressources minières (MIREM) et influente au sein du Frelimo, est une pièce maîtresse de ce système puisque c'est elle qui donne son quitus pour l'octroi des licences.

Ce système perdure d'autant plus qu'au Mozambique le trafic d'influence est un sport national ! Une loi sur la probité publique a bien été votée par l'Assemblée en 2012 mais elle n'est point respectée. Membres de la famille présidentielle, ministres, fonctionnaires du MIREM ou encore anciens généraux du Frelimo : tous constituent leur empire minier, souvent en s'associant entre eux, mêlant ainsi étroitement intérêts publics et privés.